Une nouvelle journée de grève* a frappé les EHPAD de la Ville de Nantes le 11 décembre. Les syndicats et le personnel dénoncent le manque de moyens face à l’augmentation de la dépendance et l’épuisement des salariés.
Ils étaient une vingtaine, armés de pancartes et de casseroles, à manifester leur colère devant l’hôtel de ville de Nantes. Venus des 5 établissements nantais (Bréa, Chambellan, Haute Mitrie, La Madeleine, Trentemoult), ils représentaient également leurs collègues contraints de travailler pour assurer un service minimum.
Du travail à la chaine
Carimone Mampouya exprime une insatisfaction croissante parmi le personnel depuis plusieurs mois : « Nous n’avons plus le temps d’accompagner ces personnes et je pense tout particulièrement à celles qui sont en fin de vie. C’est devenu du travail à la chaine ». C’est le même discours qu’on retrouve chez les aides-soignantes de la Haute Mitrie, Elodie Kolisso et Chrystelle Ferrer : « On aime notre métier mais on ne l’exerce pas de façon satisfaisante. Vu la surcharge de travail, on est limite en termes de soins et en particulier les week-ends ». Elles évoquent une douche une fois par semaine, « sinon c’est une toilette de chat ». Idem pour le ménage.
L’explication n’est pas dans la réduction des moyens mais dans l’évolution du profil des résidents et l’explosion de la dépendance. « On bascule petit à petit vers la gériatrie. Les résidents arrivent à un stade de dépendance très avancé. Ils ne sont pour la plupart pas autonomes pour la prise des repas, la toilette et le déplacement », explique Elodie Kolisso.
Les revendications
Les grévistes demandent une augmentation du personnel pour faire face. Au moins, 2 personnes de plus par équipe ; ce qui représenterait 6 employés supplémentaires pour chacun des établissements.
La situation est aggravée par l’absentéisme du personnel de plus en plus fréquent, souvent pour cause d’épuisement professionnel.
Au-delà, le personnel demande de la bienveillance de la part de l’administration des EHPAD. Une gréviste s’exclame « On doit faire toujours plus et à la moindre difficulté, on nous tape dessus ».
Leur combat n’est pas gagné. La mairie de Nantes, l’Agence Régionale de Santé (ARS) et le Conseil départemental de Loire Atlantique leur proposent pour l’instant des solutions accessoires : cellule de régulation psychologique, réaménagement des chambres, etc. « Pas suffisant, il faut débloquer des moyens financiers » rétorquent les grévistes.
Le mouvement de protestation est sans doute lion d’être clos. Les manifestants espèrent que les familles des résidents qui les soutiennent moralement se mobilisent désormais à leurs côtés.