A l’appel de l’intersyndicale CGT-FO-SUD , les aides-soignants, infirmiers et médecins des urgences du CHU de Bordeaux étaient mobilisés le mardi 24 mai pour dénoncer une situation critique pour laquelle ni la direction, ni l’ARS ne semblent pressées de rétablir une ouverture du service 24h/24.
En effet, depuis le mercredi 18 mai, les urgences de l’hôpital Pellegrin à Bordeaux - sixième métropole de France - sont fermées la nuit par manque de médecins (40% des urgentistes sont sur le départ ou en arrêt de travail). Pour venir aux urgences, il faut désormais contacter systématiquement le 15 et le service n’accueille plus que les « cas graves ». Ce « mode dégradé » viserait à accueillir 30% de patients en moins chaque jour !
La direction du CHU a dans la foulée pris la décision de renforcer le tri des patients avec l’instauration d’un contrôle par des bénévoles de la protection civile sur le parking devant les urgences : du jamais vu !
Les soignants dénoncent une fausse « solution » qui, bien loin de résoudre le problème, va avoir un effet cascade : "Certains cas vont s’aggraver, et on va devoir garder certains patients. Sauf que les lits en aval [après le passage aux urgences] sont déjà saturés, et qu’on retrouve le même problème". "Hier matin par exemple, on a eu 30 patients à 8h du matin, qui sont arrivés d’un coup. Les gens ont compris [qu’il ne fallait plus venir la nuit]. Sauf qu’ils ne savaient pas ce qu’est réellement une urgence et que certains cas pourraient nécessiter de venir quand même la nuit. Mais les gens n’osent plus et ça peut entraîner un retard de prise en charge."
Autre conséquence, les urgences de la polyclinique Bordeaux-Nord se retrouvent à leur tour en forte tension. Le centre SOS médecins reçoit quand à lui 10 % de patients en plus chaque soir. "Nous nous adapterons pour faire au mieux. Mais évidemment, la médecine de ville n’est, elle aussi, pas en super forme".
Depuis le 26 mai, les urgences de Bordeaux fonctionnent en mode « encore plus dégradé », puisqu’elles ne reçoivent plus de patients à partir de 17h, sauf urgence vitale. Ce filtrage « élargie » est prévu pour un mois. Et après ? Un filtrage 24H/24 ?
La direction a promptement restreint l’accès à l’hôpital mais n’apporte aucune proposition sur la problématique des effectifs et des lits d’aval qui manquent toujours…
« Un service d’urgences doit être ouvert 24 heures sur 24 » estiment les syndicats.
« Les difficultés de recrutements sont liées aux conditions de travail » pointent les syndicats. Ils seraient 900 à avoir quitté l’hôpital en 2021. « Il faut augmenter l’attractivité de tous les métiers de l’hôpital afin d’éviter que les agents ne s’en aillent ». « On est en mai et on a environ 600 lits de fermés sur le CHU de Bordeaux. On est très inquiets pour la période estivale avec l’afflux de population en Gironde”, « La seule solution pour que la situation s’améliore et pour éviter l’épuisement des professionnels est de rehausser les effectifs ».
Plus de 1 000 personnels soignants du CHU ont publié une tribune inédite dans Le Monde appelant le gouvernement à « des décisions fortes et immédiates, d’ici à l’été ».
Prochaine mobilisation le 7 juin.
Voir ci-joint :
CR CHSCT fermeture urgences Bordeaux
Tract Urgences Adultes Pellegrin
Liens presse :
Bordeaux : mobilisation devant l’hôpital Pellegrin contre la nouvelle organisation des urgences (sudouest.fr)
CHU de Bordeaux : "des soignants démissionnent tous les jours", nouvelle mobilisation pour dénoncer des conditions de travail dégradées (francetvinfo.fr)
Filtrage aux urgences du CHU de Bordeaux la nuit : "Une solution à la va-vite" dénonce le personnel (francebleu.fr)
Crise des urgences : les soignants du CHU de Bordeaux réclament des "décisions fortes d’ici à l’été"
Santé : le CHU de Bordeaux régule l’accueil des patients la nuit aux urgences (francetvinfo.fr)
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CHU de Bordeaux : saturées, les urgences adultes ferment la nuit et se concentrent sur les cas graves (Sud-Ouest)
CR CHSCT Urgences Bordeaux
Tract Urgences Pellegrin
