Perspective Santé : quel est le rôle et pourquoi un collectif « femmes-mixité », dans un secteur d’activité où les femmes exerce en majorité ?
Ophélie : Le rôle du collectif est de faire des propositions à la direction fédérale (CEF) pour développer l’activité femmes-mixité de notre fédération autant dans le public que dans le privé. Il permet, en interne de promouvoir la place des femmes dans toutes nos structures et en externe de de porter les revendications des femmes actives et retraitées et faire progresser la syndicalisation des femmes.
Perspective Santé : Quel lien faites-vous avec le secteur interprofessionnel sur ces aspects ?
Ophélie : Nous travaillons dans le cadre de la charte "égalité femmes-hommes", adoptée par le Comité Confédéral National en 2007. En 2013, lors du 50ème congrès confédéral, cette charte est annexée aux statuts de la CGT. Ce crée alors une Commission « femmes-mixité » confédérale, à laquelle je participe. Ce lien FD/CFD permet de promouvoir la mixité dans notre organisation, d’introduire l’égalité dans l’ensemble des formations syndicales, de lutter contre tous les agissements sexistes.
Récemment nous avons travaillé en relation avec les réseaux féministes contre la loi Rebsamen, ce qui a fait un peu "reculer" le gouvernement qui souhaitait balayer des avancées récentes sur l’égalité professionnelle, sous la pression du patronat.
La condition des femmes est sans cesse remise en action comme le droit à l’avortement qui est malmené en Europe (Espagne, Portugal mais également la France).
Perspective Santé : Quelles sont les particularités de notre champs fédéral et quels axes revendicatifs porte la fédération ?
Ophélie : 80 % de femmes travaillent dans les secteurs de la santé et de l’action sociale, champ professionnel couvert par notre fédération. Nous pouvons observer, encore aujourd’hui, des disparités de salaires pour des métiers à qualifications égales mais moins féminisés : nous voulons l’application "à travail de valeur égale, salaire égal".
A titre d’exemple, nous travaillons actuellement avec le collectif « sages-femmes » de l’UFMICT, (Union Fédérale des Médecins, des Ingénieurs, des cadres et des Technicien), à une comparaison de leurs rémunérations avec celles des ingénieurs hospitaliers. Elles ont une qualification bac +5 voir plus et sont reconnues comme des bac + 3 !
Nous luttons également pour que les femmes puissent avoir un véritable déroulement de carrière au même titre que les hommes, pour une articulation vie professionnelle et vie personnelle mieux adaptées à la vie d’aujourd’hui (promouvoir l’augmentation du nombre de place en crèches, contrer l’imposition des temps partiels imposés...)
Nous luttons pour faire reconnaître la pénibilité à nos corps de métiers très éprouvant et ce sont les métiers les plus féminisés qui sont attaqués actuellement comme les auxiliaires puéricultrices de la Fonction publique. Dans le privé nous n’avons pas de reconnaissance de la pénibilité alors que les accidents du travail sont en nette augmentation pour les femmes (dans le secteur des maisons de retraite, l’aide à domicile…)
Nous sommes également pour la suppression de la décote pour le calcul de la retraite qui pénalise les femmes qui ont eu des carrières courtes ou interrompues pour assurer les charges familiales.
Actuellement les campagnes d’austérité menées par le gouvernement accentuent les situations précaires des femmes ainsi que la déqualification des emplois
Perspective Santé : Peux-tu nous donner des exemples concrets de disparités ?
Ophélie : Malgré toutes les lois mises en place, l’écart salarial est toujours de 27% entre les hommes et les femmes dans le secteur privé, et d’environ 20% dans la Fonction publique hospitalière.
Nous exigeons l’application des lois, l’obligation de négocier l’égalité professionnelle dans nos conventions collective associatives (CCNT 51 et 66) et privées lucratives, et l’application du protocole égalité dans la Fonction publique comme dans la négociation actuelle sur Parcours Professionnel Carrière et Rémunérations.