Valéry, laborantine de 44 ans a mis fin à ses jours lundi 26 novembre 2012 en se jetant de la fenêtre d’un bureau situé au 5ème étage du bâtiment de biologie nord des Hospices Civils de Lyon.
Le CHSCT de l’hôpital où elle travaillait (celui de de la Croix-Rousse), s’est réuni jeudi 29 novembre. Il a conclu à l’existence d’un faisceau d’indices démontrant que cette collègue s’est suicidée du fait de la restructuration de son service. Il considère donc qu’il s’agit d’un accident du travail et demande à ce qu’il soit reconnu ainsi.
Malgré l’émotion affichée, l’administration ne renonce pas à ses passages en forces.
Elle a empêché la réalisation d’une expertise du CHSCT destinée à :
- analyser les risques psychosociaux auxquels sont exposés les agents de ce site,
- identifier et expliquer la nature des facteurs de risques, l’intensité des tensions psychosociales qu’ils génèrent, et les conséquences de ces tensions sur la santé,
- identifier et alerter le CHSCT sur les populations exposées à des tensions psychosociales excessives pouvant conduire à une forte souffrance psychique,
- aider le CHSCT à formuler des actions de prévention effectives et pérennes suite à l’identification des risques psychosociaux.
Face aux pires situations, la logique comptable continue de prendre le dessus.
Il y a une enquête de CHSCT, mais elle sera menée par une commission paritaire (donc avec l’administration).
- En 2008, le Conseil d’Administration votait un plan de retour à l’équilibre d’ici à 2013 dénommé « Cap 2013 ».
- En 2010, l’Agence Nationale d’Aide à la Performance (ANAP) a apporté son soutien aux Hospices Civils de Lyon en mandatant deux sociétés de conseils pour accompagner les restructurations des établissements des Hospices Civils de Lyon, s’inscrivant dans le plan de retour à l’équilibre "Cap 2013".
Lors de la consultation des instances, avec certains médecins, la CGT a fait savoir qu’un risque psychosocial fort pouvait exister, et que ce plan était un non-sens puisque cette restructuration n’avait aucune justification médicale.
Malheureusement, l’histoire nous donne à nouveau raison. « Cap 2013 » est un désastre pour les patients et les personnels.
Les Hospices Civils de Lyon n’ont eu de cesse de supprimer des postes, d’ouvrir et de fermer des bâtiments hospitaliers durant les dix dernières années. Certains salariés en sont à leur 4ème plan d’accompagnement social. Il est fort à craindre que d’autres mal êtres s’expriment suicides puisque « l’expertise du risque psychosocial » n’est pas acceptée et que le plan s’applique coûte que coûte. En octobre dernier, la direction générale annonçait l’externalisation complète de la fonction « entretien » (850 postes d’ASH supprimés à terme). Puisque l’administration semblait hermétique à la question de la prévention du risque infectieux, aux risques psychosociaux, aux conditions de travails indignes des salariés du secteur privé de l’entretien, la CGT avait pointé une opposition avec le discours de la Ministre de la fonction publique du mois de septembre « Pour un Etat qui assume ses missions, en revenant sur l’externalisation systématique de l’action publique mise en place par le gouvernement précédent ». Le directeur général avait répondu qu’il s’agissait là d’une mesure de bonne gestion approuvée par la Ministre de la Santé.
Valéry est morte, victime d’une restructuration qui n’avait qu’un sens économique. L’Etat va-t-il continuer encore longtemps, aux HCL ou ailleurs à n’avoir qu’une approche économique de son fonctionnement ?
La CGT exprime ses plus sincères condoléances au mari de Valéry, ses deux enfants, amis, famille et collègues. Les militants CGT feront tout pour que le geste de cette collègue ne soit pas oublié et pour protéger les autres.