La construction d’un pouvoir
L’entretien annuel d’évaluation, l’individualisation des tâches avec la fiche de poste, la mise en exergue des compétences, jusqu’à l’individualisation des rémunérations ou des primes au mérite en passant par la démarche qualité et l’accréditation des établissements, tous ces dispositifs procèdent d’une même logique idéologique.
Les personnes en situation de travail, cernées par une organisation du travail de plus en plus contraignante ne cessent d’être classées, découpées pour être traitées et comprises selon le seul prisme d’une logique qui prétend tout mesurer et chiffrer avec certitude.
Sous des apparences de proximité relationnelle, de prétention à bien connaître chaque employé, à mieux comprendre l’autre, l’évaluation de plus en plus individuelle et intrusive dissimule un processus de détermination et de fabrication de valeurs au service d’un pouvoir de domination sociale. Pour asseoir son hégémonie, le Ministère de la Santé déploie un chantier appelé « réingénierie des professions » qui consiste à redéfinir les contenus des
professions en donnant l’illusion d’une réelle prise en compte des aspirations
professionnelles. Cela conduit à destituer les professionnels, à déréguler l’organisation du travail et à « ubériser1 » les professions par le démantèlement des anciennes références.
Ceci promeut la compétition entre les salariés pour que certaines tâches, en nombre croissant, soient réalisées par d’autres professions ayant ou non une proximité avec celle de référence.
L’impact de ce processus au sein des équipes s’est vite traduit par la méfiance à l’égard de l’autre, par la déloyauté vis-à-vis des collègues, le chacun pour soi…
L’évaluation des professions se fondent sur une défiance à l’égard des employés et sur le déni de la réalité effective du travail à accomplir, pour ne retenir que des objectifs à atteindre et des performances à mesurer. Dans ce système, seuls les donneurs d’ordre et la hiérarchie verticale sont valorisés.
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