L’importante diminution du nombre d’inspections du travail accroît les risques Covid

28 avril 2021


Le nombre d’inspections du travail s’est effondré partout en Europe au cours de la dernière décennie, rendant les lieux de travail plus vulnérables aux effets de la pandémie de Covid-19.

Une nouvelle étude de la CES révèle que les inspections de sécurité ont été réduites de 20% depuis 2010 passant de 2,2 millions de visites annuelles à 1,7 million.

Les inspections sont devenues plus rares dans au moins seize pays, y compris en Allemagne où 232.000 visites de moins ont été effectuées en 2018 par rapport à 2010 et au Portugal où elles ont été diminuées de moitié durant la même période.

Cette situation coïncide avec la perte de plus de 1.000 inspecteurs disponibles pour visiter les lieux de travail dans l’UE. Plus d’un tiers des pays européens ne répondent plus à la norme de l’OIT qui recommande un inspecteur du travail pour 10.000 travailleurs.

Réductions les plus importantes du nombre d’inspections du travail depuis 2010 :
Portugal : -55%
Malte : -55%
Chypre : -38%
Roumanie : -37%
Croatie : -35%
UE : -18%

Réductions les plus importantes du nombre d’inspecteurs du travail depuis 2010 :
Roumanie : -45%
Royaume-Uni : -32%
Portugal : -21%
Estonie : -14%
Lettonie : -13%
UE : -7%

Cette analyse de la CES des données de l’OIT portant sur 22 pays (voir le tableau complet ci-dessous) est dévoilée à l’occasion de la Journée internationale de commémoration des travailleuses et des travailleurs morts ou blessés au travail au cours de l’année écoulée.

Un grand nombre du plus d’un million de victimes du Covid-19 en Europe ont contracté la maladie sur leur lieu de travail, plus de 100.000 personnes meurent encore chaque année des suites d’un cancer lié au travail et le nombre d’accidents mortels du travail a augmenté.

L’importante diminution du nombre d’inspections du travail au cours de la dernière décennie a fait que les lieux de travail sont moins bien préparés pour faire face à la pandémie du Covid-19 et a surtout affecté les travailleurs les plus vulnérables parmi lesquels les femmes, les jeunes et les migrants tandis que le moindre nombre d’inspecteurs rendra plus difficile un retour serein au travail.

La CES plaide pour que la Covid-19 soit reconnue comme maladie professionnelle. Elle réclame également la pleine application des règles en matière de santé et de sécurité au travail par le biais d’inspections du travail plus nombreuses et plus sévères, une meilleure protection et davantage de moyens pour les inspecteurs qui les effectuent.

Le Secrétaire général adjoint de la CES Per Hilmersson a déclaré :

« Il est scandaleux de constater que le nombre de contrôles de sécurité sur les lieux de travail était à son niveau le plus bas depuis dix ans lorsque la crise du Covid a éclaté. Les inspections du travail ont été drastiquement réduites dans toute l’Europe en raison des politiques d’austérité, ce qui a sans nul doute fait que les lieux de travail étaient moins bien préparés pour affronter la pandémie et peut avoir coûté un grand nombre de vies. »

« Il est temps que l’Europe arrête de traiter la vie de manière aussi désinvolte et donne priorité à la sécurité des citoyens. Tous les pays doivent fortement augmenter leur nombre d’inspecteurs du travail afin de faciliter un retour au travail sécurisé après la pandémie et s’attaquer sérieusement au nombre inacceptablement élevé d’accidents mortels et de cancers liés au travail. »

« Il est dès lors ahurissant de constater que l’Union européenne a choisi la semaine de la Journée internationale de commémoration des travailleuses et des travailleurs pour lancer une politique de déréglementation basée sur le principe « un ajout, un retrait » qui pourrait freiner la mise en place d’un important règlement relatif à la santé et la sécurité. La Commission devrait savoir qu’il vaut toujours mieux prévenir que guérir. »

Notes :

Déclaration de la CES à l’occasion de la journée de commémoration des travailleurs : lien

Tableau complet : consultableICI