L’organisation du travail est transformée par le formidable essor de la science et en particulier des sciences humaines dont les apports théoriques relatifs au comportement humain vont être rapidement appliqués. L’usage des statistiques en psychologie va permettre d’extraire cette discipline de la philosophie pour la rapprocher des sciences exactes. La mise en oeuvre de toutes ces connaissances va se faire aux Etats-Unis au moment de leur engagement dans la seconde guerre mondiale.
Les statistiques et les sciences humaines vont notamment servir à créer des tests psychologiques permettant de sélectionner rapidement et à grande échelle des cadres, des techniciens et des ouvriers pour répondre aux besoins de « l’industrie de guerre » des Etats-Unis. A cette époque apparaît le concept d’évaluation.
Après la seconde guerre mondiale, les méthodes d’évaluation appliquées à l’organisation du travail se sont exportées avec succès au Japon, en particulier chez Toyota. Ce sont ces techniques de contrôle de la production qui ont fait la renommée de l’industrie japonaise.
Après le succès acquis au Japon, le concept d’évaluation progresse sous une nouvelle forme aux Etats-Unis et au Canada avant qu’il n’arrive en Europe et notamment en France au début des années 1980.
Après l’industrie c’est toute la société qui s’est vue appliquer la méthode de l’évaluation :
grande distribution, administration, police, justice, école, hôpital, recherche scientifique et littéraire, les politiques publiques et même les arts.
L’évaluation conduit à comptabiliser le nombre de pièces produites sur une chaîne de production, le nombre de publications dans une recherche scientifique, la quantité d’articles vendus dans un magasin ou bien de patients opérés ou traités dans un hôpital. Dans chacun de ces domaines des objectifs chiffrés sont fixés à chaque employé afin d’évaluer son activité …
Cette méthode s’est généralisée dans le monde, tout particulièrement dans les pays capitalistes, où la caution scientifique soutient les orientations de société.
Le chiffrage à tout prix La généralisation des méthodes d’évaluation s’est faite en même temps que l’apparition de l’objet-outil emblématique de notre société actuelle : l’ordinateur. Les méthodes évaluatives prennent alors une forme mimétique du codage informatique en conditionnant les réponses à des critères d’évaluation préétablis.
A titre d’exemple, l’évaluation régulière du comportement moral des français se fait sur la mesure du volume d’achat des produits de consommation. Ainsi, le fait d’acheter reviendraitil à avoir un bon moral ? L’absence de comportement d’achat, assimilable à un moral en baisse ?
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